J’ai beaucoup de difficultés à comprendre l’exaltation patriotique. C’est un schéma mental que j’ai du mal à concevoir.
Il en va de même pour les matchs de foot. Ou les parties de Quidditch dans Harry Potter, pour ce que ça change. Je ne m’y projette pas. Vivre avec des passionnés de foot m’a appris à mettre mon mépris pour cette chose que je ne comprends pas de côté. Mais le patriotisme… j’ai plus de mal.
Je conçois la folie des tyrans, mais je tourne mentalement en boucle autour du fait que s’ils ont autant de pouvoir de destruction, c’est bien parce qu’il y a des gens qui suivent leurs ordres. Pas uniquement par peur ou manipulation, mais aussi pour défendre des notions qui me sont complètement étrangères… me semblait-il.
Mais en vrai, je connais l’exaltation. C’est une émotion qui m’est très familière. C’est juste que chez moi, elle prend d’autres formes, en apparence plus pacifiques.
Mon exaltation à moi, c’est celle d’avoir « enfin compris », d’avoir fait de « nouveaux liens » qui expliquent les choses. Ce projet qui donne du sens à mon existence, ce signe sur mon chemin, cette rencontre qui va tout changer, cette vision du monde qui m’éclaire et cette place que je peux y prendre… Ce qui était chaos prend une forme définissable. Enfin !
Est-ce si différent ?
Savons-nous accueillir notre exaltation, nos impressions d’avoir enfin compris, notre sentiment de faire partie d’un tout ? Que ce tout soit une patrie, un groupe de personnes partageant la même vision, ou un « plus grand que soi »…
Est-ce que nous les reconnaissons, ces émotions ressenties si positivement, qui entrainent nos pensées et nos actions dans une direction ou une autre ? Est-ce que nous les accueillons, pour leur faire de la place et reconnaitre les besoins légitimes qu’elles expriment (sens, appartenance, reconnaissance, puissance personnelle…) ? Ou les transformons-nous en conclusions, en réactions ? Et si quelque chose vient remettre en cause ces conclusions, nous nous mettons à tout casser, même subtilement, en nous, autour de nous, et les divisions de s’accentuer…
La joie comme moteur d’action… peut-être. Mais quelle joie ?