Je n’avais pas prévu.
Je n’avais pas prévu les contradictions entre mes « connaissances » sur l’accueil des émotions, l’apprentissage de l’autonomie, l’empathie, l’écoute des besoins… et mon expérience avec mon fils depuis plus de 7 ans.
Je n’avais pas prévu la première fois où j’ai demandé au petit frère de garder un oeil sur le grand, un instant.
Je n’avais pas prévu la joie partagée autour d’un thermostat, d’un plan de métro, d’un cycle de machine à laver… La joie de le voir grandir si enthousiaste et communicatif. La joie de le savoir libre de ses intérêts, et d’avoir une place dans son monde, un chemin vers lui.
Je n’avais pas prévu d’avoir peur des agressions de mon fils… Et malgré tout, ne pas perdre la foi et continuer à chercher et apprendre, après tant de moments de désarroi.
Je n’avais pas prévu le décalage dans la manière dont mon fils est parfois perçu, et mon regard de mère. D’ailleurs j’ai conscience qu’en lisant ceci, vous vous faites probablement une idée fausse et réductrice de lui. Et je m’interroge sur la violence potentielle de mes mots, sur leur pouvoir d’enfermement.
Je n’avais pas prévu qu’il serait si difficile de trouver les mots pour sensibiliser sur l’autisme tout en déstigmatisant l’autisme.
Je n’avais pas prévu la culpabilité, celle qui revient par vagues de « Et si j’avais fait les choses autrement ? Et si je passais à côté d’une information capitale pour l’aider dans son développement ? »… À laquelle s’ajoute instantanément une autre culpabilité : « Et bien quoi, ne trouves-tu pas ton fils parfait tel qu’il est ? Mère indigne, es-tu encore en train d’essayer de le changer ? Le problème c’est toi, tes réactions, tes émotions mal accueillies, tes illusions… »
Je n’avais pas prévu un tel apprentissage laborieux, périlleux, de l’écoute et du respect de nos besoins respectifs.
Je n’avais pas prévu mon agacement, parfois teinté de doutes, face à ces phrases toutes faites que j’aurais pu prononcer avant. *Les enfants sont naturellement empathiques. *Un enfant ne se laissera pas mourir de faim. *Les chats ne font pas des chiens. *Un enfant violent est un enfant qui a été violenté…
Je n’avais pas prévu d’être mise face à mes principes d’une telle manière, encore et encore, comme pour être sûre de les déconstruire vraiment jusqu’au bout… Et d’en ressentir de la gratitude, un soulagement, plus légère de m’être délestée de croyances inutiles.
Je n’avais pas prévu les cris stridents. Les griffures. Les lancers de chaises ou de fourchettes.
Je n’avais pas prévu l’isolement volontaire, dans ces périodes où le regard des autres représentait un stress supplémentaire que je ne pouvais plus me permettre.
Je n’avais pas prévu qu’il faudrait tant prévoir, anticiper, préparer à l’avance le terrain pour prévenir les débordements… Un état d’esprit si différent de ce que j’aimerais croire de ma nature spontanée. Et ma résistance à changer. Ma résistance à m’adapter. Ou ma fatigue, peut-être… Et ma capacité à montrer une voie à mon fils en même temps que j’apprends à l’emprunter : l’imprévu n’est pas dangereux.
Je n’avais pas prévu la honte de craquer en public. Mes propres crises de larmes plus possibles à maitriser.
Je n’avais pas prévu l’envie si forte d’en parler, couplée à l’envie si forte de me cacher.
Je n’avais pas prévu mon bonheur d’avoir un enfant hors-normes, paradoxalement, tout en aspirant à ce que l’autisme devienne un « non-sujet ». Un ensemble de particularités parmi tant d’autres, ni mieux ni pas assez, à accepter, à célébrer, à développer, à parfaire même, comme pour tout être humain. Loin des appellations et des comparaisons. Mais aussi loin, très très loin, du déni de ces singularités et des défis qu’elles apportent.
Je n’avais pas prévu les critiques sur mon « approche éducative ». Celles qui m’affectent et celles que je laisse couler. Celles qui m’affaiblissent et celles qui m’aident à me recentrer en accueillant les émotions qu’elles réveillent en moi. Je n’essaie même pas d’expliquer que je ne conçois pas la parentalité en terme d’éducation, mais de relation. Il faut dire qu’avec mon fils, nous n’incarnons pas franchement un modèle de relation apaisée au quotidien. Disons que ça dépend des jours.
Je n’avais pas prévu ma faculté à lâcher prise face à l’ignorance et aux maladresses, ma capacité à passer mon chemin, à juger de moins en moins, à continuer de chercher la justesse, et de me poser où il me semble la trouver.
J’avais bien prévu qu’il existe quelque chose de plus fort que tout, un havre de paix dans lequel on peut toujours se blottir, seul ou à plusieurs, dans les rires ou dans les pleurs. Toujours. J’avais bien prévu, et même si parfois j’oublie, je ne m’étais pas trompée.
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N’interprétez pas mal mes envolées lyriques : nous sommes heureux. Ne pensez pas que mes mots parlent de mon fils : ils ne parlent que de moi. Si vous croisiez mon fils, vous penseriez certainement qu’il n’a aucun « problème »… Et vous auriez raison !
Et pour conclure, pour que vous ne restiez surtout pas sur une image de l’autisme déformée par mes propres filtres, je laisse la parole à un expert du sujet, pour une tribune plus rigoureuse sur l’autisme :
La vérité sur l’autisme
(ce qui va suivre est de l’humour, inventé par moi-même)
Le TED-NS est un TSA non spécifié, plus communément accepté sous le terme de psychose infantile, ou dysharmonie évolutive. L’enfant se replie sur lui car il n’a pas su construire son moi à l’intérieur de son soi. À cela peut s’ajouter un trouble psycho-sensoriel de la sphère inconsciente, qui a son origine dans l’absence de figure paternelle primaire (que cette absence soit fantasmée ou fantasmagorique a les mêmes conséquences dans la psyché du jeune enfant en devenir d’adulte).
Mes recherches sur le terrain me poussent à m’alarmer face à la recrudescence des tablettes chez les plus jeunes, et mon observation empirique est sans appel : l’éviction du gluten dans l’alimentation, si elle est menée de manière rigoureuse, conduit à la disparition des symptômes en moins de 9 mois (temps de la gestation).
N’oublions pas de supprimer aussi le gluten de la pâte à modeler. Cette matière, si elle peut s’avérer thérapeutique, a son lot de conséquences psychiques désastreuses : son aspect mou n’est pas sans rappeler à l’enfant les bourrelets abdominaux de sa mère, ce qui le place dans une position de vouloir y retourner. Et cette vision de lui-même étouffé dans les bourrelets omnipotents maternels est une source d’angoisse parfaitement mésestimée, qui l’empêche de s’ouvrir au monde de manière spécifiée. Dès lors, on comprend sans peine pourquoi lorsqu’on ajoute des paillettes à la pâte à modeler, c’est pire.
D’où l’importance de laisser pleurer les bébés seuls dans leurs chambres, pour leur permettre de se distancier, et ne pas les laisser s’enfermer dans des hystéries de toute puissance. Ceci sera d’autant plus vrai lorsque le sujet sera de sexe féminin : le chromosome X étant double, donc non différencié de l’autre, les pistes de la spécificacation sont brouillées. Lorsque le sujet sera de sexe masculin, ce sera chez la mère qu’il faudra entamer le processus de thérapie analytique de différenciation… Mais sans y mettre de mots, elle ne saurait les appréhender consciemment : faites lui plutôt faire des dessins, de préférence des dessins de phallus pour lui permettre d’extérioriser son néant intérieur intrinsèque.
Dr XY, psychanalyste généticien
(PS : 2nd degré)
Ça fait trop du bien de te retrouver…. La rentrée chez nous dans une école » classique » après 7 ans d’école alternative et 9 mois de…. Rien faire à la maison n ‘est pas de tout repos non plus, surtout concernant les décharges de mon plus grand ! Mais en t écoutant je me sens moins seule et sur le bon chemin !! Non non, ce n est pas à cause de moi qu il fait des crises…. Faut il encore le rappeler à l entourage, même après 12 ans de pratiques, apparemment !!!!! Ne perdons pas espoir, courageuses et… Lire la suite »