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10 réactions face à un enfant triste quand son parent part au travail

4 juin 2016
10 réactions face à un enfant triste quand son parent part au travail

triste

Chez moi, le matin, c’est régulièrement la même histoire : Papa va travailler et mes enfants se mettent à hurler. Avec mon bébé de 13 mois, ça reste relativement simple à apaiser (plus pour longtemps) : un peu de cache-cache avec la peluche panda, et le tour est joué. Avec mon grand de 3,5 ans, c’est plus complexe. Si j’opte pour la même stratégie qu’avec le petit frère, la peluche panda finit la tête la première dans le pot de chambre, il se sent incompris dans sa tristesse, et cette incompréhension ressortira à coup sûr lorsque viendra le moment de sa crise d’adolescence, je n’ose imaginer comment… Ce n’est donc pas un sujet à prendre à la légère.

Voici donc 10 réactions possibles pour faire face au chagrin lié à cette séparation répétitive.

Note : j’écris cet article avec la version Papa qui travaille et Maman qui reste, car c’est la configuration de mon foyer. L’égalité des sexes fera en sorte que pour 50% des lecteurs de cet article, ce soit la configuration inverse. Il faudra aussi ajouter à cela 10% de familles homoparentales, où la question de l’égalité des sexes ne se pose pas. On en est déjà à 110%, et il faut ajouter les familles monoparentales, mais là mon cerveau ne suit plus… Bref, disons que cet article s’applique à toutes les situations dans lesquelles un parent d’un petit enfant doit s’absenter pour travailler, et qu’un autre adulte doit gérer l’angoisse de la séparation.

1. Expliquer la notion d’argent

C’est la première chose qui vient en tête : expliquer de manière rationnelle. Travail = salaire. Expliquer à un enfant en bas-âge la notion d’argent n’est pas une mince affaire, il faut trouver les bonnes références et les bons arguments. Voici quelques exemples :

MAUVAIS EXEMPLE :

– Veux Papaaa !
– Papa doit travailler, mon chéri, il nous faut un salaire.
– Oh non, pourquoi il a les fesses à l’air ?

Le pauvre chérubin se remet à pleurer de plus bel, l’idée que son papa le quitte pour avoir les fesses à l’air loin de lui l’angoisse terriblement.

EXEMPLE UN PEU BON :

– Un salaire, c’est de l’argent, pour pouvoir s’acheter des trucs au supermarché, comme des brocolis…

Chérubin fait une drôle de tête entre deux sanglots, il semble réfléchir. Il visualise bien la référence « supermarché », l’endroit avec les kinders à portée de sa main quand on passe à la caisse, mais l’exemple « brocolis » ne l’impressionne pas.

EXEMPLE QUI SEMBLE EXCELLENT MAIS ATTENTION AUX EFFETS SECONDAIRES :

– Mais si, tu vas voir, grâce à tout l’argent que Papa va gagner, on va pouvoir acheter plein de chocolat !

Chérubin ne pleure plus, il court de gauche à droite en sautillant, « chocolat » fait partie de ses références, et atténue son désespoir de manière efficace. Hélas, c’est une argumentation qui a des résultats contrariants sur le long terme, émotionnellement parlant. J’en fais pour ma part encore les frais au quotidien dans ma vie d’adulte.

2. Expliquer ce qu’il va faire

Plutôt que de parler d’argent, une notion trop abstraite, mieux vaut rester dans le concret et expliquer ce que Papa va faire.

– Papa doit aller au travail, tu sais, le travail, c’est… c’est… bah, c’est… derrière un ordinateur… et il parle à des gens avec des cravates. C’est rigolo les cravates ! Personne ne sait à quoi ça sert, mais tout le monde en met, ça s’appelle l’effet mouton. Avec sa cravate, Papa est assis sur sa chaise presque toute la journée, et personne ne tire sur son pantalon pour écrire à sa place Mq:skdfjlkj<sdfmqliksdfj sur son clavier sans miettes entre les touches… Et parfois il fait des pauses café, il peut boire son café chaud, personne n’essaye de lui mettre sa touillette dans le nez, et il parle avec des adultes en utilisant des phrases, et non des onomatopées simplistes mais enthousiastes comme quand il s’adresse à ton petit frère… Enfin, ça dépend, avec certains clients… Et… sinon… bah…

3. Expliquer avec qui il va être

Bon, ça dépend des métiers, mais dans les cas où il est trop compliqué d’expliquer concrètement ce que représente l’activité travail, on peut aussi expliquer avec qui il va être.

– Veux Papaaaaa !!!
– Papa est avec ses collègues.
– Moi aussi veux conègues !
– C’est nous, tes collègues ! Regarde ! On est collègues, tous les trois.

Chérubin fait une pause dans les sanglots. Il regarde Maman qui a l’air d’y croire. Il regarde le petit-frère qui arrache sa chaussette. Il regarde Maman qui vraiment se concentre du mieux qu’elle peut pour avoir l’air d’y croire. Il regarde le petit-frère qui se mouche avec sa chaussette. Il regarde Maman qui visiblement n’y croit pas du tout et donne plutôt l’impression d’être en train de se foutre de sa propre gueule… Et il repart de plus belle en sanglots.

cravate

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4. Inventer une histoire

En fin de compte, rationaliser est peu efficace. Mieux vaut faire appel à la richesse de l’imaginaire de l’enfant.

– Veux Papaaaaa !!
– Ooohh et on dirait que le soleil il aurait avalé une étoile, et la lune elle serait née, et Papa il serait rentré du travail…

Chérubin continue de hurler à la mort. Il a bien raison, elle est naze de chez naze, cette histoire. Va falloir toucher son imaginaire autrement, ça ne fonctionne pas du tout.

5. Avoir recours à l’hypnose (youtube, quoi)

Rien de tel, pour toucher efficacement l’imaginaire d’un enfant, que de l’hypnotiser par le biais d’un écran. Ça tombe bien, il existe un épisode de Petit Ours Brun dans lequel Papa Ours part au travail… Le truc, c’est que l’épisode en question est le plus fatal de tous les épisodes de Petit Ours Brun. C’est l’épisode interdit, l’épisode du dernier recours…. « Petit Ours Brun peint partout ».

Pour celles et ceux qui ne le connaissent pas, j’ai écrit un article exprès pour le résumer : Petit Ours Brun, l’épisode interdit résumé en 10 points.

Le bon point, c’est qu’après cela chérubin devrait avoir oublié son chagrin, hypnotisé comme il faut par les pixels animés. Un nouveau circuit neuronal s’est cependant établi dans son cerveau : Papa au travail = Zut de zut = Moi veux peindre sur les murs = Qu’est-ce qu’on se marre !

Ce n’est pas une si bonne idée. Mieux vaut trouver autre chose.

6. Faire semblant de ne pas comprendre

– Veux Papaaaaa !
– Ah bon ?
– Papaaaaaaa !! Veux Papaaaaa !
– C’est quoi, Papaaaa ?
– Papaaaa !
– T’es sûr ?
– Papaaaaaaa !
– Viens on va jouer au frisbee.

C’est une solution qui, en plus d’avoir peu de chance de fonctionner, comporte certains risques pour la solidité de la base émotionnelle et affective de l’enfant, sa santé mentale, et son intégrité physique (il est bien trop jeune jouer au frisbee).

7. Se faire passer pour le parent parti

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JE SUIS TON PERE.

8. Appeler le parent absent au téléphone…

… et à l’aide du haut-parleur, le laisser expliquer lui-même à son enfant pourquoi il est parti, quand est-ce qu’il va revenir, qu’est-ce qu’il fout les fesses à l’air, et il est où le chocolat.

Précision importante : il s’agit là d’appeler le parent parti pour qu’il parle à l’enfant dans le souci de l’apaiser et de lui dire que même s’il est momentanément absent, il l’aime très fort. Il ne s’agit EN AUCUN CAS d’appeler son conjoint pour lui enjoindre soi-même de manière hystérique de revenir tout de suite « j’en peux plus reviens tout de suite je m’en fous démissionne je vais jouer et gagner au loto et on s’en sortira très bien sans fesses à l’air. » On réserve ce genre d’appels pour les fins de journées un peu difficiles.

9. Pleurer avec lui

– Veux Papaaaa !!
– Moi aussi, veux Papaaa !! J’avais tellement besoin de faire la grasse mat’, ce matin, et il est quand même parti au travail… Réunion avec des clients de mes deux… Fesses à l’air mon cul…

C’est bien de libérer sa propre frustation pour ne pas qu’elle s’accumule jusqu’à exploser en un remake de power-ranger version hystérik-mum. Mais attention au vocabulaire, quand même…

10. Ne pas réagir

Au lieu de chercher à tout prix la bonne réaction, c’est-à-dire celle qui fera taire les pleurs, et s’il s’agissait plutôt d’écouter et d’accueillir ?

Écouter un tout petit qui a beaucoup de chagrin est inconfortable. Je sais. Surtout quand on se fait mordre par la même occasion.

L’écouter. L’accueillir. Qu’il sache que c’est ok, d’être triste. Comme ça, plus tard, avec un peu de chance, il saura accueillir la tristesse. Accueillir pour laisser aller. Accueillir pour écouter ce que la tristesse aura à lui dire.

La tristesse, ça ne s’enlève pas, ça ne se fait pas taire, ça ne se rationalise pas même si les mots peuvent accompagner. La tristesse, comme la colère, comme la peur, comme toutes les émotions, ça s’accueille. Avec beaucoup d’amour c’est encore mieux, avec un câlin qui fait tout chaud tout doux (tant qu’on fait abstraction des griffures et des coups de pieds) et avec des paroles apaisantes au creux d’une oreille (pas mordue si possible).

En tant qu’adulte, il m’arrive de m’interdire d’être triste, ou d’être en colère, ou même d’être joyeuse… M’interdire d’être, me faire un peu plus petite, un peu plus voutée… Il ne faut pas. Il faut. Rester maitre de ses émotions. Contrôler, ne pas se laisser envahir. Mettre de côté. Attendre que ça passe. Rationaliser. Pouf pouf pouf, sous l’oreiller, tout ça, on cache, on s’assoit dessus, tout va bien, je vais bien. Un peu de chocolat, un peu de téloche pour penser à autre chose, et ça va passer.

Et puis, on a des enfants. Et ils pleurent, ils hurlent, et c’est inconfortable. Et c’est ok. Eux n’ont pas appris à faire taire. Tant mieux. On a juste à leur montrer comment accueillir et écouter, en les accueillant et en les écoutant, eux. Juste ça… En s’accueillant et en s’écoutant soi-même, aussi…

Bon. Maintenant qu’on lui a dit que c’était ok d’être triste parce que Papa était parti au travail, qu’on l’a écouté, qu’on l’a accueilli inconditionnellement, il va arrêter de pleurer et être content, non ?

 autruche

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SandZen
SandZen
7 années il y a

Véronique, tu es trop drôle !!
J’ai d’abord découvert et apprécié ton blog Ecrivain et tout et tout et je découvre ton blog de Maman qui me fait beaucoup rire …. Pas facile d’écrire avec des petits dans les parages mais ils t’inspirent merveilleusement bien !
Sandrine

Serely
6 années il y a

Je lui ai fait le coup du « tu démissionnes m’en fous du chocolat, on abandonne les fesses à l’air moi veux doooormir moi veux pleurer moi suis triiiiste ». Du coup, je trouve que ces dix étapes s’appliquent aussi au parent qui garde l’enfant. Au final, ton dernier point me rappelle que moi aussi, comme mon fils, je suis en train d’apprendre à exprimer mes émotions et mes besoins de façon constructive. Et ton humour est toujours au top j’ai adoré!